La triste nouvelle, que beaucoup qualifie d’insolite, est apparue dans la presse en ligne, le Journal of Forensic Sciences, le 08 août 2018 ! Il s’agit d’un cas clinique rare mais extrêmement navrant.
Ce malheur est arrivé à une femme américaine de 81 ans qui vivait avec son époux dans un logement à 2 pièces avec salle de bains d’un foyer pour personnes âgées à Houston, dans le Texas. Les punaises de lit ont envahi cette résidence qui a reçu un traitement par une société spécialisée utilisant le traitement thermique dans le but d’exterminer ces arthropodes hématophages qui laissent des piqûres souvent regroupées en grappes.
Les entreprises professionnelles qui déploient cette technique pour éliminer les nuisibles adultes ainsi que leurs œufs dans les appartements font diffuser une chaleur sèche d’environ 60°C pendant plusieurs heures dans le logement à traiter. Ces sociétés de désinsectisation vantent fréquemment l’absence de composants chimiques dans leur méthode, contrairement aux insecticides et aux larvicides. Mais selon les médecins légistes du Harris County Institute of Forensic Sciences de Houston, elles omettent de prévenir les gens sur les dangers qu’ils encourent une fois qu’ils retournent dans leur logement après le traitement thermique.
Pour en revenir à ce couple, il faut retenir qu’il ne se trouvait pas dans l’appartement au moment de l’opération de désinsectisation effectuée dans la résidence par la société en question. À ce moment-là, vers la fin du mois de juillet 2017, les locataires étaient dans un foyer communautaire climatisé. Le jour de la désinsectisation, vers midi, la température extérieure atteignait les 27°C, accompagnée d’une humidité relative de 88%.
Les deux seniors sont revenus dans leur logement vers 16 h. Ils mettent alors en marche la climatisation. Pourtant, la dame âgée se plaint de ne pas sentir bien. C’est à 20h47, seulement quelques heures plus tard, que son décès est déclaré par des ambulanciers contactés par un voisin. Le corps inanimé de la victime a été retrouvé en position assise sur une chaise de son salon, non loin de la porte d’entrée. Une prise de température au creux de son aisselle effectuée le lendemain matin a démontré que la femme avait 41,2 °C de fièvre. Quant à son mari, qui avait 40,6 °C de température corporelle, il a été directement emmené à l’hôpital.
D’après les résultats des investigations, l’air conditionné a rencontré un dysfonctionnement dans les deux pièces de l’appartement. Lorsque les ambulanciers y sont entrés, ils avaient remarqué que la climatisation donnait de l’air chauffé et l’ont donc arrêtée. Même avec les fenêtres ouvertes, la chaleur persistait dans la résidence.
La climatisation ne marchait pas
Le jour suivant la mort de la vieille dame, les responsables ont fait fonctionner de nouveau la climatisation du logement pour plus de 2 heures. Et là, ils ont constaté que l’air qui venait du plafond était bien chaud. Sur le thermostat, ils ont vu s’afficher une température de 34,9 °C.
D’après l’autopsie, qui révéla que le cœur a largement pris du volume pour atteindre les 400 g avec la présence d’une hypertrophie ventriculaire gauche, la locataire était victime d’une hypertension artérielle et d’une hyperthyroïdie. Étant données les circonstances, les médecins légistes se sont accordés à dire que la cause principale du décès était l’hyperthermie qui a atteint une personne âgée souffrant d’une maladie cardiovasculaire hypertensive.
Le coup de chaleur est en cause
On parle d’hyperthermie lorsque la température corporelle excède les 38,5 °C. Elle survient quand l’organisme ne parvient pas à dissiper plus de chaleur qu’il n’en absorbe ou n’en produise. Les experts appellent ce phénomène la défaillance de la thermorégulation. Et parmi les causes les plus répandues de l’hyperthermie, il y a le coup de chaleur. Souvent, les victimes en souffrent après s’être exposées à une grande chaleur surpassant les capacités de régulation thermique de leur corps.
En cas de coup de chaleur, il faut vite contacter les urgences. Il y a un symptôme qui ne trompe jamais : la température corporelle du patient dépasse les 40°C en peu de temps. Le malade peut aussi développer une altération de l’état de conscience pouvant se traduire par du délire, des convulsions ou le coma, ou une défaillance de certains organes. La pathologie cible généralement les personnes qui s’exposent plus longtemps qu’il ne le faut à une température ambiante chaude et humide. Parfois, le coup de chaleur attaque les sportifs suite à un entraiment trop poussé.
Les médicaments pouvant réduire la dilatation des vaisseaux sanguins et la transpiration sont aussi susceptibles de causer le coup de chaleur. Dans ce cas précis, l’organisme devient moins tolérant à la chaleur ambiante, même quand la personne arrête toute activité. Et les seniors sont peu capables de présenter une bonne réponse thermorégulatrice comparés aux autres.
La prise de médicaments jouait un rôle
L’octogénaire de Texas suivait un traitement pour l’hyperthyroïdie. Il est donc possible que ses médicaments aient entrainé la réduction de sa transpiration et de sa capacité à dissiper la chaleur. La dicyclomine, un médicament contre les spasmes du système digestif, et l’oxybutynine, un antispasmodique contre la contraction anormale des muscles de la vessie, présentent notamment cet effet secondaire.
La rédaction du Journal of Forensic Sciences affirme qu’il est important que les entreprises de désinsectisation qui utilisent le traitement thermique informent les résidents qui les engagent sur les mesures à prendre à la réoccupation de leur habitation. D’après elle, il faudrait attendre au moins 24 heures après l’intervention pour que la température ambiante ne porte plus préjudice aux sujets les plus vulnérables. La réoccupation devrait être sécurisée lorsque la température du logement est égale ou inférieure à 26 °C. Et puis, la vérification du fonctionnement de la climatisation avant de diffuser la chaleur est également d’une importance capitale.